À 15 ans, Jahia a fui le Sahel en guerre, sans doute le Mali si j’en juge par son nom de famille et par les mots de sa langue que je crois avoir reconnus, en compagnie de sa mère, qui est sous le coup d’un choc post-traumatique (oui, ce n’est pas un film drôle, mais il mérite d’être vu). Elles vivent dans un centre d’accueil pour réfugiés en instance de régularisation, près de Bruxelles, dans l’attente du verdict de la commission d’examen des demandes d’accès au statut de réfugié : réponse négative ou positive, qui décidera de leur sort.
Comme sa mère est assez prostrée, c’est Jahia qui s’occupe des questions matérielles, cuisine et repas... Elle va au collège, mais elle est souvent absente : au professeur qui la prévient qu’elle risque l’exclusion, elle répond : « à quoi bon, si je reçois une réponse négative de la commission ? ». Sa vie est mélancolique, solitaire.
Tout va changer quand elle rencontre Mila, une Biélorusse de son âge, élève dans le même collège, logée dans le même centre d’accueil avec toute sa famille. Mila choisit Jahia comme amie, spontanément, elle est extravertie, curieuse, aventureuse. Mila entraîne Jahia vers une carrière inondée pour se baigner, et Jahia lui fait connaître un passage secret pour monter sur le toit d’une tour d’où on voit toute la région. Elles échangent des recettes de cuisine, et Jahia se découvre une vocation de cordon bleu, elle recommence à travailler au collège.
Mais voilà, le verdict tombe pour la famille de Mila, et il est négatif : ils vont être expulsés, la situation dans leur pays « n’est pas assez dangereuse ». Alors Mila tombe dans le coma, les médecins ne comprennent pas ce qui lui arrive : sans doute le syndrome de résignation, identifié par des médecins suédois chez des adolescents réfugiés menacés d’expulsion, comme Mila.
Jahia va tout faire pour essayer de réveiller son amie. Malgré une attitude peu amicale de la famille, elle s’introduit dans leur appartement en leur absence et tente de réveiller Mila. Un jour elle va même la porter sur son dos jusqu’à la carrière en espérant qu’une baignade la ramènera à la conscience. Rien n’y fait. Au moins, cet état de santé suspend la procédure d’expulsion de la famille.
Jahia et sa mère reçoivent une réponse positive de la commission : la vie va pouvoir continuer.