Blog de Laurent Bloch
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Un film de Wissam Charaf
Dirty Difficult Dangerous
avec Clara Couturet et Ziad Jallad
Article mis en ligne le 5 mai 2023

par Laurent Bloch

La scène est à Beyrouth, et en d’autres lieux du Liban, campements de réfugiés syriens, un hôtel de luxe dans la montagne...

Les héros de la tragédie sont Mehdia (Clara Couturet), une domestique éthiopienne en servitude dans une famille libanaise aisée, et Ahmed (Ziad Jallad), un réfugié syrien qui tente de survivre en collectant de la ferraille.

Un mot sur la superbe Clara Couturet, qui joue Mehdia : elle est une vraie Éthiopienne, adoptée enfant par un couple français, ses parents éthiopiens prétendument décédés. À l’âge de treize ans elle a retrouvé la trace de sa famille en Éthiopie, grâce aux réseaux sociaux et à l’Internet, et elle est allée voir son père français : « On part ! ». M. Couturet n’a pas compris tout de suite que l’endroit où il fallait partir était l’Éthiopie, mais ils y sont allés, et depuis Clara anime une association de solidarité avec l’Éthiopie.

Un trafiquant libanais a fait venir Mehdia à Beyrouth pour la « vendre » comme domestique à un couple libanais âgé et aisé, il conserve son passeport et si elle veut le récupérer elle devra rembourser le prix du billet d’avion et d’autres frais, ce qui justifie le mot de servitude. La tâche principale de Mehdia, outre le ménage, la cuisine, les courses, c’est de s’occuper du vieux monsieur, qui est sénile et ne peut rien faire tout seul ; elle l’aime bien, mais il regarde trop de films à la télé, par exemple « Nosferatu le vampire » de Murnau, et cela déclenche des crises de violence mimétique, contre Mehdia à l’occasion.

Mehdia aime Ahmed, quand elle l’entend passer dans la rue en criant « fer, cuivre, batteries » pour trouver de la ferraille, elle descend vite le retrouver, ils s’embrassent furtivement. Mais un jour le vieux monsieur en profite pour s’échapper, cela crée un drame, Mehdia est punie et enfermée. Alors elle décide de s’évader, elle rejoint Ahmed, mais ils n’ont nulle part où aller.

Curieusement, Mehdia avait participé à un concours idiot, et il se trouve qu’elle a gagné un séjour dans un hôtel de luxe de la montagne libanaise avec la personne de son choix : alors ils y vont. Quand ils arrivent avec leurs habits dépenaillés, à l’accueil on leur demande si c’est pour le nettoyage de la piscine, mais finalement ils sont luxueusement logés, et on les voit siroter des cocktails en peignoir blanc au bord de la dite piscine. Mais après quelques jours il faut retourner à la réalité, un camp de réfugiés misérable au bord de la frontière syrienne. Ahmed essaie de vendre un de ses reins pour financer un passage vers la Turquie, mais cela ne marche pas... Au passage quelques scènes sur le sort pitoyable des réfugiés syriens, plus ou moins traqués par la police libanaise et rejetés par la population.

C’est la tragédie d’un amour impossible, Mehdia et Ahmed sont dans une situation sans issue, mais ce n’est jamais sinistre, souvent drôle, finalement plein d’espoir, pour des gens qui ont des soucis bien plus graves que les nôtres.


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