Site WWW de Laurent Bloch
Slogan du site

ISSN 2271-3905
Cliquez ici si vous voulez visiter mon autre site, orienté vers des sujets moins techniques.

Pour recevoir (au plus une fois par semaine) les nouveautés de ce site, indiquez ici votre adresse électronique :

Qui écrit (et paye) le noyau Linux ?
d’après un article de Jonathan Corbet
Article mis en ligne le 3 septembre 2007
dernière modification le 30 juin 2016

En 2004 j’avais cherché une réponse à cette question dans le
fichier MAINTAINERS de la distribution du noyau 2.4 : j’y avais trouvé plus de 300 noms. Aujourd’hui pour le noyau 2.6.20-16 il y en a 420 (en avril 2016 pour le noyau 4.6-rc3 : 1 910 noms). Parmi ceux dont l’adresse électronique comporte un nom de domaine national, 5 ont une adresse en France (dont un linux-fr.org), à comparer aux 11 adresses en République tchèque ou aux 44 en Allemagne.

L’article de Jonathan Corbet explore le flux des patches qui ont permis de passer du noyau 2.6.19 au 2.6.20, et relève les identités de leurs auteurs : près de 2 000 développeurs ont fourni au moins un patch. Il analyse ensuite ces données selon divers critères. Les résultats individuels sont peu
significatifs pour qui n’appartient pas à la communauté : passons aux
résultats par employeur, qui révèlent qui paye ceux qui écrivent le
noyau Linux. Évidemment, ces résultats sont approximatifs, parce qu’un
développeur employé d’une firme peut utiliser une adresse privée dans
son activité Linux ; mais on peut supposer que la plupart de ceux pour
qui la participation au noyau est une mission confiée par leur
employeur utilisent pour ce faire leur adresse professionnelle.

Ainsi, J. Corbet attribue à IBM tous les patches dont les auteurs ont
une adresse en ibm.com, par exemple ; il a utilisé ses relations
personnelles avec les autres développeurs (lui-même en est un) pour
améliorer l’exactitude de ses résultat.

Voyons les résultats : une première façon d’évaluer les contributions
est d’attribuer chaque jeu de modifications (« changeset »), compté
pour 1, à son auteur, et donc à son employeur s’il est connu. Voici un
extrait du tableau que J. Corbet obtient par cette méthode (la mention
« Inconnu » signifie qu’il n’est possible de déterminer ni
si le contributeur a un employeur, ni s’il participe au noyau à titre
professionnel, cependant que la mention « néant »
indique qu’il est notoire que l’auteur contribue pendant son temps de loisirs,
indépendamment de son employeur) :

(Inconnu) 1244 25.0%
Red Hat 636 12.8%
(néant) 383 7.7%
IBM 368 7.4%
Novell 295 5.9%
Linux Foundation 261 5.2%
Intel 178 3.6%
Oracle 126 2.5%
Google 97 1.9%
University of Aberdeen 79 1.6%
HP 78 1.6%
Qumranet 71 1.4%
Nokia 67 1.3%
SGI 64 1.3%

Corbet reprend ensuite les mêmes résultats, mais pondérés par
le nombre de lignes de code dans chaque jeu de modifications,
ce qui donne :

(Inconnu) 66154 19.0%
Red Hat 44527 12.8%
(néant) 38099 11.0%
IBM 25244 7.3%
Astaro 15306 4.4%
Linux Foundation 13638 3.9%
Qumranet 12108 3.5%
Novell 11930 3.4%
Intel 11652 3.4%
SANPeople 9888 2.8%
NetXen 9607 2.8%
Sony 8497 2.4%
Broadcom 8349 2.4%
Tensilica 8195 2.4%
Nokia 5581 1.6%
MontaVista 4394 1.3%
University of Aberdeen 4324 1.2%
LWN.net 3975 1.1%
Secretlab 3370 1.0%
HP 3211 0.9%

Il s’agissait là des apports à une version unique du noyau, le passage
de 2.6.19 à 2.6.20 ; Corbet nous donne ensuite une rétrospective des
modifications sur une année, soit depuis 2.6.16 :

(Inconnu) 740990 29.5%
Red Hat 361539 14.4%
(néant) 239888 9.6%
IBM 200473 8.0%
QLogic 91834 3.7%
Novell 91594 3.6%
Intel 78041 3.1%
MIPS Technologies 58857 2.3%
Nokia 39676 1.6%
SANPeople 36038 1.4%
SteelEye 36021 1.4%
Freescale 35034 1.4%
Linux Foundation 34163 1.4%
MontaVista 30211 1.2%
Simtec 26166 1.0%
Atmel 25975 1.0%
HP 23714 0.9%
SGI 22057 0.9%
Oracle 21251 0.8%

Pour plus de détails et des commentaires, je ne saurais trop vous
conseiller la lecture de l’article original de Jonathan Corbet.