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Heurs et malheurs de l’hébergement et des nuages :
Faut-il créer son site avec son nom de domaine ?
Services gratuits : vous êtes la marchandise et pas le client
Article mis en ligne le 15 mars 2013
dernière modification le 23 octobre 2019

par Laurent Bloch

Créer et utiliser son nom de domaine

Aujourd’hui, ce qui n’est pas sur le Web n’existe pas. C’est vrai aussi pour les personnes, vous ou moi.

De nombreux opérateurs vous proposent gratuitement leurs services de messagerie, d’hébergement de blog ou de site, de stockage et de partage de données, d’agenda, etc. C’est très tentant, très commode. Mais il ne faut pas oublier que dans ce genre de marché à deux versants, si c’est gratuit pour vous, c’est qu’au lieu d’être le client vous êtes la marchandise. Et par exemple, si vous changez de fournisseur d’accès ou d’hébergeur, l’URL de votre site (son adresse) change, et vous perdez des lecteurs.

C’est pourquoi je me suis résolu à prendre le temps et la peine de créer et d’administrer mon propre domaine dans l’Internet, et que je vous invite à en faire autant.

Il y a près de dix ans j’ai acheté un nom de domaine et créé un site Web, destiné initialement surtout à mes activités d’enseignement, et sur lequel vous lisez actuellement cet article. Pour ce faire j’ai choisi la plate-forme d’hébergement mutualisée qui était à l’époque classée comme la meilleure par le Journal du Net, j’y ai installé un CMS (Spip en l’occurrence) et domicilié mon adresse électronique. Pour le nom de domaine je me suis adressé à un autre fournisseur (Gandi), pour éviter de mettre tous mes œufs dans le même panier. Plus tard, j’ai loué un serveur virtuel chez OVH pour y implanter le dépôt Subversion de mes travaux éditoriaux, ainsi que la plate-forme de ma Newsletter. C’était un peu dispersé, mais comme on va le voir je n’ai eu qu’à me féliciter de cette redondance.

Une trop bonne qualité de service est-elle immorale ?

Pendant des années je n’ai eu qu’à me féliciter de cette organisation. L’assistance technique de mon hébergeur était au-dessus de toute critique. Pour donner une idée de leur serviabilité : mon site tombait ou dysfonctionnait gravement, je mettais un mail au support, une heure plus tard j’avais une réponse du type « Dans tel fichier .php, à la ligne numéro tant, modifier telle valeur. » Et hop, c’était reparti !

Une amie qui travaille dans le service et l’hébergement, à qui je racontais cela, m’a demandé si j’avais avec eux un contrat de maintenance applicative pour mon CMS, et à ma réponse négative, m’a dit qu’ils avaient tort de me donner gratuitement ce service non prévu, que c’était de la sur-qualité, une chose à ne pas faire. Je pense néanmoins que c’est pour cela qu’ils avaient des clients : pour moi, la différence est entre les gens qui font en sorte que mon site fonctionne, et ceux qui s’en moquent comme de l’an 40 parce qu’ils sont trop occupés à leur reporting, à leur démarche PDCA et à leur qualité IS-9000, exigée par leur hiérarchie.

La déchéance du service est-elle le prix de l’« amélioration continue » ?

Bref, tout allait pour le mieux, jusqu’à ce que l’hébergeur soit racheté par une société plus « professionnelle », avec de vrais managers qui connaissent le reporting et les démarches d’amélioration continue de la qualité. Autant dire que tout s’est dégradé assez vite. L’équipe d’assistance technique, dont la rentabilité n’a sans doute pas pu être prouvée, a disparu, je n’ai plus eu de réponse à mes questions pourtant rares et circonstanciées ; par contre j’ai eu de nombreux messages non sollicités de publicité pour les nouveaux services de la nouvelle société.

Il faut dire aussi que ce fut le moment où les fournisseurs d’hébergement mutualisé furent confrontés à l’arrivée de l’informatique en nuage, qui remettait en cause leur modèle économique. Il leur fallait assurer la transition vers un nouveau modèle : mais ce n’est pas en laissant tomber leurs clients qu’ils allaient les convaincre de migrer vers leur nouvelle offre.

Pour couronner le tout, leur plate-forme en est restée à une version de PHP particulièrement mauvaise, et lourdement incompatible avec la nouvelle version de Spip, ce qui m’a coûté quelques nuits de tentatives finalement infructueuses, alors qu’avec la version à jour de mon nouvel hébergeur (Gandi Simple Hosting) tout marche comme sur des roulettes.

Il faut être prêt à changer d’hébergeur !

Bref, il m’a fallu envisager de déménager : pour le site ce n’était pas trop compliqué, mais j’étais assez inquiet pour la messagerie, parce qu’elle joue un rôle important dans ma vie privée et professionnelle, et que mes correspondants ne sont pas trop habitués à ce qu’elle cesse de fonctionner. Et configurer sa zone DNS, ce n’est pas simple, parce que les erreurs n’apparaissent pas tout de suite, et qu’elles sont difficiles à comprendre.

Je dois avouer que ce fut une des raisons qui m’a fait choisir Gandi Simple Hosting : je me suis dit qu’ils seraient assez coopératifs pour faire migrer mon domaine vers chez eux. Ce fut le cas. Tous ces systèmes présentent une interface de gestion par navigateur interposé qui obscurcit les choses plus qu’elle ne les facilite, mais grâce à la bonne volonté de l’équipe d’assistance tout s’est très bien passé et ma messagerie n’a été interrompue qu’une petite journée. Et grâce à ma Newsletter chez un autre opérateur j’avais pu prévenir mes correspondants :-)

Pourquoi je persévère

Vous me direz que je me suis cassé la tête pour pas grand-chose, et que je n’avais qu’à faire comme tout le monde : ma messagerie et mes documents privés chez Google, mes activités éditoriales chez Dropbox, mon site sur Blogspot (qui m’amènerait plus de lecteurs). Désolé, mais l’avantage de l’Internet tel qu’il existe aujourd’hui, et malgré les efforts des grands opérateurs (et des fabricants de tablettes et de smartphones) pour le transformer en Minitel 2.0 et en TF1++, c’est que chacun peut y être un citoyen libre et indépendant, sous sa propre responsabilité, à des conditions économiques acceptables. Cela m’a coûté quelques dizaines d’heures de travail (pour cette fois-ci, parce qu’au total beaucoup plus) et un peu d’argent, mais c’est un prix raisonnable pour ma liberté et mon indépendance. Et cela n’empêche pas d’utiliser Google Agenda et Dropbox, même si là aussi il existe des alternatives libres et autonomes que j’utilise quotidiennement. D’ailleurs, à la réflexion, je déconseille également Google Agenda et Dropbox et suggère de les remplacer (avantageusement) par Nextcloud.