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Les Valeurs de la transition numérique

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Rappel de la discussion
Les Valeurs de la transition numérique
Emmanuel Saint-James - le 4 septembre 2023

Bonjour Laurent

Dans ce texte, il n’est pas toujours évident de savoir quand tu reproduis
la pensée de l’auteur ou quand tu en tires des conclusions personnelles.
Je voudrais faire quelques remarques, tu me diras auxquels des deux
elles s’adressent.

1. En ce qui concerne les différentes révolutions, je pense que le
schéma de référence est ce qui est nommé "cycle de Kondratiev", du
nom d’un économiste russe qui avait calculé les variations, depuis le
début du XIXe siècle jusqu’aux années 1930 ce qu’on appelait pas
encore le PIB. Ces variations ont la forme d’une sinusoïde avec une
période d’un demi-siècle. Kondratiev observe la diffusion massive de
nouvelles techniques lorsque la courbe commence à remonter, et son
explication est que de même les terres cultivables ont besoin de se
regénérer tous les ans, de même que les usines doivent renouveler
leurs machines toutes les décennies, les sociétés doivent renouveler
leur infrastructure tous les demi-siècles, parce que les avancées
techniques périment l’éducation, les transports, les moyens
financiers, le droit etc conçus au cycle précédent. Son livre est très
détaillé et convaincant (évidemment dire que la crise de 29 n’était
pas la fin du capitalisme mais un point bas d’un cycle était
intolérable pour Staline qui l’a fait fusiller dans les années 30).
L’informatique existe depuis plus de 50 ans, je pense que nous en
sommes déjà à une deuxième révolution avec l’AI (’artifical
intelligence" : la locution française mot-à-mot est une faute de
traduction trompeuse, je refuse de l’employer) qui n’a pas les mêmes
fondements épistémologiques que l’informatique algorithmique qui
prévalait jusqu’à maintenant.

2. Dire que la financiarisation extrême n’est pas le trait dominant contemporain
est exagéré. Qu’elle soit liée à l’informatisation c’est clair,
mais l’accumulation du capital reste un objectif pour ce qu’il faut bien
appeler la classe dominante. Les "nouvelles technologies" permettent aussi bien
le trading à haute fréquence que les jeux vidéos hautement interactifs,
si la classe dominante choisit le premier plutôt que les seconds,
c’est bien parce que cette accumulation entre les mains de quelques uns
reste malheureusement le moteur de nos sociétés industrialisées.

3. Dire que la main d’œuvre est en train de disparaître est aussi très exagéré.
L’AI d’aujourd’hui ne serait pas ce qu’elle est sans ce qu’on appelle
"les travailleurs du clic", dont l’activité cérébrale n’est pas plus
sollicitée
que celle de nombre de travailleurs manuels voire moins (un artisan réfléchit
plus que quelqu’un chargé de cliquer sur "oui" devant des photos de chat pendant
des heures).

4. Plus généralement, cette perspective fait l’impasse sur la question
environnementale et ses conséquences sociales. L’équipement
informatique suppose en amont une activité minière et en aval un
minimum de traitement des déchets, activités qui dépendent largement
de travailleurs manuels. Il faut aussi considérer la dépense
énergétique représentée par les infrastructures sous-jacentes qui ne
peut continuer à croître indéfiniment alors que la perspective d’un
pénurie d’énergie à la fin du siècle semble de plus en plus probable.
Lors des premières réussites des aéronefs "plus lourds que l’air", on
imaginait que dans les villes du futur tout le monde se déplacerait en
hélicoptère. On voit ce qu’il en est aujourd’hui. Que M. Volle parle
du "monde de la nature" là où, pour autant que tes extraits me permettent
de bien cerner sa pensé, il s’agit en fait de la partie de la planète qui
est urbanisée, est révélateur de cet impensé du rôle de ce qu’on entend
d’ordinaire par le mot "nature" dans son discours.

Bien sûr, je reste d’accord sur le fait que nous assistons à des
bouleversements majeurs qui exigent une refonte profonde des modes de
fonctionnement de nos sociétés (cf. mon premier point) ; mais je ne
suis vraiment pas d’accord avec ce qui semble être la thèse sous-jacente
du propos : le monde est régi par les dernières technologies, et aucunement
par les limites de ce que notre planète peut proposer. Sur ce point,
M. Volle ne semble pas penser différemment des "décideurs" d’aujourd’hui.

Amicalement

Emmanuel

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