Hitler avait interdit l’écriture gothique
Il y a effectivement une ambiguïté entre "gothique" et "Fraktur". J’ai cru comprendre que "Fraktur" est une écriture cursive, ma mère, qui est née en Allemagne et y a fait sa scolarité avant-guerre, a appris cette écriture à l’école, elle me l’a montrée quand j’étais gamin, elle appelait ça l’écriture gothique. Par ailleurs il existe une écriture gothique imprimée, qui n’a que peu de rapport avec la précédente. Quand j’ai appris l’Allemand à l’école, mon livre d’Allemand comportait une table de correspondance entre ce gothique d’imprimerie et l’écriture standard de France et d’Allemagne à l’époque, ainsi que quelques textes écrits dans cette écriture, l’idée étant qu’un pratiquant de la langue allemande peut (pouvait) se trouver occasionnellement confronté à ce type d’écriture. Par ailleurs, dans le domaine des formules mathématiques, on est friand d’utilisation de polices variées pour associer des polices différentes à des choses de types différents. Ainsi les livres de physique que ma mère a utilisés pendant ses premières années de fac (Mechanik und Akustik, Elktrizitäts-Lehre de R.W. Pohl) faisaient volontiers appel à cette police gothique d’imprimerie.
Je suppose que l’arrêté nazi concernait l’écriture cursive, puisqu’on distingue assez clairement dans l’en-tête des caractères gothiques d’imprimerie, sans ça ce serait une jolie contradiction.
À ma connaissance, Fraktur est le nom de l’écriture que nous nommons en français « gothique », elle existe en versions imprimée et manuscrite. Mais en allemand aussi on dit “gotische Schrift”. Bref, la terminologie ne semble pas très stable.
Bon, pour ce qui est de l’en-tête du document nazi original, on va dire qu’ils n’avaient pas pu appliquer l’oukase du Führer de façon rétro-active.