Chercheurs et ingénieurs en informatique
Salut Laurent !
Tu sais que j’ai la même expérience que toi, en plus modeste, n’ayant jamais dirigé de grosses équipes, mais en plus long, ayant fréquenté des chercheurs en physique puis en sciences sociales plus tôt que toi. J’ai également fréquenté quelques années des ingénieurs dans une école prestigieuse que tu connais.
Je ne peux que confirmer sans restriction tout ce que tu racontes, y compris pour les rapports entre chercheurs et les ingénieurs "praticiens" catégorie à laquelle je me flatte d’avoir appartenu, y compris et là c’est plus surprenant avec les ingénieurs grande école.
J’ai même souvent constaté une plus grande créativité chez des ingénieurs informaticiens que chez certains chercheurs dans des disciplines dans lesquelles j’avais quelques lumières.
J’ai également fait l’expérience de l’ostracisme à l’égard d’une équipe mixte scientifiques/ingénieurs dans un contexte différent du tien ; il y était question de recherche fondamentale en physique. Nous avons dû cesser nos activités après plusieurs années de résultats très prometteurs, faute de crédits, principalement à cause de la mixité de nos activités L’équipe a été démantelée et j’ai moi même choisi de changer d’affectation.
Je ne généraliserai pas ces constats à tous les informaticiens mais mon expérience personnelle, exclusivement en milieu universitaire, m’a surtout mis en contact avec ce genre de collègue.
Je suis très désolé de ne pouvoir participer à ton séminaire, n’étant pas parisien à cette date, mais nous aurons certainement l’occasion d’en deviser de vive voix un jour prochain.
Salut Michel,
Pour illustrer ce que nous disons : il m’est arrivé deux fois, dans deux établissements de recherche différents, d’avoir au sein de mon équipe un ingénieur (dans les deux cas, une femme) muni de toutes les qualités exigibles pour postuler à un poste de chercheur. Les commissions de spécialistes (ça s’appelle comme ça) avaient le droit de critiquer leurs candidatures, voire de les refuser : mais dans les deux cas elles ont affronté un déferlement de haine et d’insultes très surprenant dans un milieu pourtant d’ordinaire assez feutré. Les vitupérateurs les plus inspirés n’étaient bien sûr pas, parmi les chercheurs, au nombre des plus brillants, c’est une litote. Seule la perception de ces candidatures comme la transgression d’un ordre immuable et sacré pouvait expliquer la violence du rejet.