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Un livre de François Rastier :
Ulysse à Auschwitz — Primo Levi, le survivant
Prix de la Fondation Auschwitz
Article mis en ligne le 11 mars 2006
dernière modification le 21 mai 2006

par Laurent Bloch

Il y a deux ans, j’ai découvert les travaux de François Rastier grâce à un article décapant [1]. L’auteur y réfutait avec une érudition et une profondeur implacable les prétentions des « intelligents artificiels » à fabriquer des ontologies, en quoi ils confirmaient leur longue pratique de l’imposture intellectuelle. Ravi d’avoir senti le souffle d’un vent si salubre en un terrain où il n’est pas si fréquent, j’ai lu d’autres articles de ce linguiste qui n’hésitait donc pas à s’aventurer chez les informaticiens, donnant ainsi un exemple dont on aimerait qu’il soit plus souvent suivi.

Ce n’est qu’un an plus tard que mon ami Philippe Mesnard m’a fait découvrir une autre facette des travaux de François Rastier, son travail sur les poèmes de Primo Levi, dont un des résultats est ce livre, Ulysse à Auschwitz — Primo Levi, le survivant, paru en mai 2005 aux Éditions du Cerf. J’y ai retrouvé, sur un sujet infiniment plus grave, l’érudition et la profondeur de l’auteur, que je laisse ici présenter son livre :

« Si Primo Levi est partout reconnu comme figure emblématique du témoin de l’extermination, sa poésie n’a guère retenu l’attention ; elle tient pourtant une place centrale dans son oeuvre, dont la portée esthétique reste sous-estimée. Dans une langue très simple en apparence, elle dessine la figure ambiguë du survivant, elle prête la parole aux morts en vain, aux engloutis, mais aussi à des animaux méprisés, à des inanimés. Cet essai a l’ambition de reconnaître toute la portée de cette oeuvre poétique, bien qu’en opposant la littérature au témoignage on néglige encore trop souvent l’enjeu artistique de la littérature de l’extermination.

Aux proses du témoin répondent les poèmes du survivant, et cette dualité traverse la vie et l’oeuvre de Levi. La figure d’Ulysse, celui de l’Enfer de Dante, prend alors toute sa signification allusive.

Quand certains prophétisent une après-culture et une post-humanité, l’éthique poétique de Levi devient de plus en plus éclairante et nécessaire. Alors que des discours néo-apocalyptiques instrumentalisent Auschwitz pour édifier des théologies cyniques, elle dessine entre les survivants et les victimes une nouvelle alliance qui inclut toute l’humanité. »


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