Site WWW de Laurent Bloch
Slogan du site

ISSN 2271-3905
Cliquez ici si vous voulez visiter mon autre site, orienté vers des sujets moins techniques.

Pour recevoir (au plus une fois par semaine) les nouveautés de ce site, indiquez ici votre adresse électronique :

Une nécessité :
L’informatique dans l’enseignement secondaire
Réponse à quelques objections
Article mis en ligne le 22 mars 2010
dernière modification le 23 mars 2010

Les résultats de l’informatisation en France sont médiocres à l’aune des comparaisons internationales. C’est d’eux que dépend la prospérité future de notre économie. Leur amélioration demande des actions dans plusieurs domaines, l’introduction de l’informatique dans l’enseignement secondaire n’est pas des moindres.

Il s’agit de l’informatique, pas des soit-disant TICE. L’informatique est une science constituée autour de quatre concepts :

 algorithme ;
 information ;
 machine ;
 langage.

La programmation des ordinateurs en est la discipline centrale. C’est elle que les élèves, de la seconde à la terminale au moins, doivent apprendre, à raison de trois heures par semaine. C’est comme ça. Parce que si l’on n’est pas passé par là, ce sont toutes sortes d’aspects du monde contemporain qui sont incompréhensibles. Parce que si l’on n’a pas acquis une compréhension sérieuse de ce qu’est la programmation d’un ordinateur, on ne sera pas en mesure de contribuer à l’informatisation de son entreprise, plus tard.

Lorsque l’on propose le programme énoncé ci-dessus à quelqu’un de raisonnable, il objecte : « vous n’y pensez pas ! Apprendre à programmer pour comprendre le monde : cet argument n’est pas recevable pour la plupart des élèves ».

J’emprunterai une réponse à la préface que Christian Queinnec a bien voulu consacrer à mon livre de système :

« “Pourquoi l’informatique est-elle si compliquée ?” J’entends, je lis, souvent, cette
question. Elle dénote à la fois une incompréhension de ce que recouvre réellement
l’informatique (manipuler une feuille de calcul dans un tableur ressortit-il à
l’informatique ?), un effroi devant une révélation a priori déplaisante (l’informatique est
complexe) enfin, un découragement devant l’effort supposé immense qu’il faudrait
déployer pour dominer cette science.

Si l’on reprend les termes de cette question en les adaptant aux mathématiques,
son inanité saute aux yeux car qui s’exclamerait “pourquoi les mathématiques sont-elles
si compliquées ?”. Il est de notoriété publique que les mathématiques sont
compliquées : un long apprentissage, comptant de nombreuses années d’étude et accompagné
d’un discours approprié, nous en ont finalement persuadés. Tapoter une
calculette, nous en sommes sûrs, ne s’apparente pas à faire des mathématiques et se
tromper dans les touches n’est pas vécu comme une insuffisance en mathématiques. »

Filons ce parrallèlle, assez explicatif, entre les attitudes intellectuelles vis-à-vis des mathématiques d’une part, de l’informatique d’autre part : l’école, le collège, le lycée proposent à tous les élèves d’apprendre à faire des règles de trois. Beaucoup finissent par y arriver tant bien que mal. Un peu plus tard le programme comporte la résolution des équations du second degré, et un nombre non négligeable de bacheliers y parviennent.

Il n’est pas douteux que la maîtrise de la règle de trois soit très utile dans la vie pratique, mais que celle de l’équation du second degré soit rigoureusement sans usage pratique pour l’immense majorité de la population. Pourquoi l’enseigner alors ? Eh bien parce qu’en comprenant ce problème malgré tout assez simple, le lycéen entr’ouvre une porte qui lui permettra de comprendre l’activité des ingénieurs et des chercheurs, et par là une grande partie de ce qui se passe dans notre monde.

Une grande partie des élèves de l’enseignement secondaire considère comme irrecevable la prétention de leur faire apprendre les mathématiques pour comprendre le monde. Cette déclaration d’irrecevabilité n’a jamais été acceptée comme un argument recevable pour retirer les mathématiques des programmes de
l’enseignement secondaire.