Étrangeté d’un monde révolu
J’adore ce texte !!! il fait remonter plein de souvenirs... du coup un témoignage.
j’ai 63 ans maintenant.
un petit bout de tranche de vie aussi, en vrac. la période que ça concerne correspond aux années 60. je vis chez mes grands-parents maternels, j’ai autour de 8 ans peut-être moins. je ne vis pas à la campagne mais à La Courneuve, dans le 93. les 4000 existent à peine ou pas encore. la toute petite maison de mes grands parents est de 3 pièces. mon grand-père est ferrailleur, manoeuvre, ouvrier non qualifié ou travailleur de force comme vous voulez. et c’est le gardien de l’entreprise où il travaille.
l’entreprise était située près de voies ferrées, ma mère se souvient des trains de déportés qui passaient dessus. pour ceux qui voudraient réécrire l’histoire, ça a vraiment existé et de façon significative. elle était petite, elle ne comprenait pas. mes grands parents étaient italiens donc un peu ostracisés. c’était compliqué de vivre cette époque là. mon grand-père avait fui le fascisme et retombait dedans.
dans cette maison, une seule pièce est chauffée, et l’hiver l’eau peut geler dans les chambres. on a une brique chauffée avec le poèle qu’on met entourée de papier journal au fond du lit. parfois, le soir, c’est un bol de lait avec des tartines. pas de douche, on se lavait dans une bassine dont l’eau était chauffée sur le poele toujours, protégé du regard des autres par un paravent sommaire.
dans mon souvenir il y avait aussi un grand chien terrifiant sur le chemin pour aller chercher le pain... mais pas de détour possible... il n’y avait qu’une vague rue boueuse. pas le choix, il fallait passer... coup de bol, à part qq grognement, rien eu.
pour l’école, on était plus vernis que Laurent, il y avait un ramassage scolaire avec les gamins de la cité d’urgence d’à côté, vestige des relogements d’après guerre je crois.
eh bien, j’étais heureux. j’ai un très bon souvenir de cette période. beaucoup d’amour familial.
du coup, la sobriété en ressources consommées n’est pas un concept nouveau. on n’avait pas le choix à cette époque.