Blog de Laurent Bloch
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Une symphonie de Lieder d’Arnold Schönberg
Les Gurre-Lieder
dirigés par Philippe Jordan à la Philharmonie
Article mis en ligne le 20 avril 2016

par Laurent Bloch

Hier soir mon abonnement à la Philharmonie me menait aux Gurre-Lieder, œuvre du Schönberg d’avant Schönberg, dont la composition s’étira de 1900 à 1911, sur un texte danois de Jens Peter Jacobsen traduit en allemand par Robert Franz Arnold. Une sombre histoire d’amour contrarié dans les brumes du Nord, de défi à la divinité qui se venge par la damnation du coupable, condamné à une chasse éternelle en de sombres forêts ; ce genre d’ambiance était très à la mode à l’époque, du Vaisseau fantôme à Pelléas et Mélisande. L’orchestre et les Chœurs de l’Opéra, renforcés par le Chœur philharmonique de Prague [1] et dirigés par Philippe Jordan, me réservaient une bonne surprise.

En effet, ce n’est pas vraiment cette période de Schönberg que je préfère ; d’un coffret de disques écouté jadis les Gurre-Lieder m’avaient laissé le souvenir de deux heures de nappes sonores assez étales, pour ne pas dire monotones. En outre les amis qui m’accompagnent habituellement m’avaient lâchement abandonné sous prétexte de petit enfant à mener à la campagne, quant à ma chère épouse elle abhorre cette musique, et avait aussi une petite fille à emmener dans une contrée sauvage au-delà du périphérique. Bref, c’est sans grand enthousiasme que je me dirigeai vers la Porte de Pantin. Eh bien cette absence d’appétit musical fut favorable à l’audition, et je passai une excellente soirée.

J’aimais beaucoup Armin Jordan, mort récemment, un chef d’orchestre plein de vivacité, d’humour et de délicatesse. Il faut le voir dans le film que Hans-Jürgen Syberberg a adapté de Parsifal, il dirige l’orchestre et joue le rôle du vieux roi Amfortas, il réussit à insuffler de l’humour à l’opéra de Wagner, ce qui est une gageure. Son fils Philippe a hérité de ses qualités, pour notre bonheur. L’an dernier j’avais déjà été ravi par son Pelléas et Mélisande à l’Opéra Bastille, et là, contre il faut bien dire mon attente, il réussit à soulever ces immenses masses orchestrales (contrebasses par douze, violoncelles par seize, onze percussionnistes qui ne chôment pas, et toute une armée de cornistes, clarinettistes, flûtistes, hautboïstes et autres vents, etc.) pour nous donner une musique pleine d’allégresse, de variété, et même de légèreté. Bref, si cette œuvre est encore donnée cette année et que vous pouvez avoir des places, n’hésitez pas.

Quelques reproches quand même : la Philharmonie pourrait s’offrir un ou deux écrans pour afficher le texte du livret, comprendre le sens des paroles que l’on entend ne nuirait pas. La petite salle (Philharmonie 2) et la Maison de la Culture de Bobigny ont ce dispositif, nécessaire à la popularisation de la musique vocale, la Philharmonie devrait l’avoir, le prix (excessif) des places devrait permettre son acquisition. Pendant que j’y suis, au bar le verre de vin rouge que l’on m’a servi était deux fois plus petit qu’au bar de la Philharmonie 2, et coûtait 20% plus cher. Bref, je regrette la petite salle.


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